Politiciens, cannabis et hypocrisie : l’heure du test a sonné ?

Ce jeudi, l’émission Envoyé Spécial de France 2, menée par Élise Lucet, promet de secouer le débat public : des politiciens français vont être soumis à un test salivaire de dépistage de stupéfiants. Une scène inédite qui fait écho à la récente proposition du maire de Grenoble, Éric Piolle, d’instaurer des tests anonymes pour les élus. Cette initiative, qui vise à exposer les contradictions du débat sur la criminalisation des usagers, résonne particulièrement avec mon histoire personnelle.
🔴 @EliseLucet fait passer des tests antidrogue aux députés.
— Envoyé spécial (@EnvoyeSpecial) 11 février 2025
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Une France schizophrène sur le cannabis
La France est l’un des pays d’Europe les plus répressifs sur le cannabis, tout en étant l’un des plus gros consommateurs. On criminalise les usagers sans jamais s’attaquer aux vrais enjeux : la santé publique, la prévention et la réduction des risques. L’initiative de Piolle remet sur la table une question essentielle : la loi est-elle appliquée de manière juste et cohérente ?
J’ai moi-même été arrêté lors d’un contrôle routier et testé positif au THC. Résultat : six mois de prison avec sursis et un stage de sensibilisation aux stupéfiants. Une expérience qui m’a laissé un goût amer et m’a convaincu de l’absurdité du système actuel.
Un stage de sensibilisation… qui sensibilise à quoi ?

Lors de cette journée de sensibilisation, j’ai découvert un espace de discussion ouvert et sans jugement, ce qui est déjà un bon point. Cependant, un élément crucial manquait : la prévention efficace. Si l’usage du cannabis est un problème de santé publique, alors pourquoi ne pas parler de consommation responsable ?
Aucune information sur la réduction des risques, aucun échange sur les alternatives de consommation plus sûres (vaporisation, huiles, produits à faible taux de THC), et aucune sensibilisation aux dangers des substances mal contrôlées : les produits illégaux à forte teneur en THC ainsi que les néo-cannabinoïdes et cannabinoïdes synthétiques légaux, dont les effets restent souvent imprévisibles et mal documentés. Pourtant, ces informations pourraient prévenir les consommations problématiques et à risque, tout en réduisant les troubles personnels, sociaux et de santé liés à un usage de drogues incontrôlé.
Envoyé Spécial : un électrochoc pour les politiques ?
Le reportage d’Envoyé Spécial, en mettant en lumière la consommation de drogues par les élus, va provoquer une onde de choc dans la classe politique. Qui acceptera le test ? Cette mise en scène est un formidable miroir tendu à nos dirigeants : comment justifier la répression envers les citoyens si eux-mêmes ne sont pas exemplaires ?
Cette affaire rappelle étrangement le débat sur les contrôles salivaires pour les conducteurs. Aujourd’hui, un fumeur de cannabis est positif plusieurs jours après consommation, alors qu’un consommateur d’alcool est négatif après quelques heures. Où est la logique ? Punir quelqu’un qui a fumé un joint trois jours avant de prendre le volant, mais laisser tranquille celui qui a bu une bouteille de vin la veille ? Cette incohérence alimente le sentiment d’injustice ressenti par des milliers de consommateurs.
Vers une légalisation et une vraie politique de santé publique ?
Ce que cette affaire met en lumière, ce n’est pas seulement l’hypocrisie de certains élus, mais surtout l’urgence de repenser notre approche du cannabis. Il est temps d’abandonner la logique punitive et d’adopter une approche fondée sur la prévention et la réduction des risques :
- Informer sur les différents modes de consommation et leurs impacts sur la santé.
- Encourager des produits mieux contrôlés, avec des taux de THC raisonnables.
- Permettre aux consommateurs de mieux gérer leur usage, sans stigmatisation.
- Créer des points de vente légaux et intégrés à l’économie régulière pour freiner l’engrenage morbide de la criminalité associée.
- Arrêter d’envoyer des usagers occasionnels devant les tribunaux, au détriment d’actions contre le trafic.
La légalisation n’est peut-être pas la seule solution, mais elle mérite d’être étudiée sérieusement. Ce débat, initié par Éric Piolle et relancé par Élise Lucet, doit être l’occasion de dépasser les discours moralisateurs et d’apporter des réponses concrètes.
Il faut sortir de l’hypocrisie.
— Éric Piolle (@EricPiolle) 5 février 2025
Tester anonymement les députés, sénateurs et ministres, sur la base du volontariat, c’est établir un diagnostic clair.
Non pas pour pointer du doigt des individus, mais pour reconnaître que ce phénomène traverse toutes les couches de la société. pic.twitter.com/UqsDQLqNXR
Et après ?
Alors que le reportage d’Envoyé Spécial risque d’agiter les médias et les réseaux sociaux, c’est le moment d’ouvrir le débat. Que vous soyez consommateur, militant, ou simplement citoyen concerné, parlons-en. Partagez cet article, échangeons nos points de vue et surtout, ne laissons pas le débat retomber.
La question du cannabis en France ne peut plus être éludée. Si nos dirigeants veulent moraliser l’usage des stupéfiants, qu’ils commencent par balayer devant leur porte. Quant à nous, citoyens, exigeons une politique cohérente, juste et efficace, loin des dogmes répressifs et des hypocrisies politiques.
Et vous, que pensez-vous de ces tests salivaires pour les politiques ? Faut-il aller vers la légalisation ou repenser complètement la loi ? Réagissez en commentaire et partagez cet article !